Photographie : Kinshasa au masculin




Mon regard se porte à nouveau sur cette photo, vieille de 8 ans, faites à la sortie d'un bar accompagné de quelques amis, autour de quelques bouteilles de bières, mon appareil photographique nouvellement acquis à mes cotés, un Lumix. La ville s'offrait enfin à moi ; toutes ces images que je ne captais jadis que par ma rétine, et que je m'efforçais de ne point oublier en les transposant sur dessin aussitôt que je regagnais ma chambre. Je pouvais enfin conserver des images qui attiraient toute mon attention. Assis en en face de moi, il s'appelait Berlin, la vingtaine, soucieux, sirotant ses bouteilles de bière. Une complicité s'était installée entre lui et moi : découvrir son univers, ses bars, ses amis, sa chambre. Établir un reportage en sourdine de sa jeunesse, de son corps le matin au réveil, devant un miroir, le tout, sans éveiller de soupçons de cette étrange relation entre le photographe et son modèle. Ne pas oublier de tenir compte de "l'oeil de dieu" tout puissant par l'intermédiaire de ses nombreux employés, présents presque partout dans la ville kinoise, scrutant en son nom les moindres faits et gestes ou comportements anodins à la manière de cameras de surveillance. La prudence était de rigueur, usage de la ruse pour photographier Kinshasa au masculin.

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